La CRE présente ses scénarios 100% gaz vert pour 2050

Début avril, la CRE (Commission de Régulation de l’Energie) a publié un rapport sur l’avenir des infrastructures gazières dans un contexte d’atteinte de la neutralité carbone en 2050. Ce rapport présentait également 3 scénarios grâce auquel la France pourrait produire assez de gaz vert pour répondre entièrement à ses besoins annuels.

La construction des scénarios

Les trois scénarios analysent les différences entre une possible adaptation des réseaux capables d’accueillir une production plus élevée, ou une modification des besoins des consommateurs de gaz naturel en matière d’acheminement.

Pour construire ces scénarios, la CRE s’est basée, pour les deux premiers, sur deux études de l’ADEME (les scénarios S1 et S3). Et pour le dernier, sur le scénario GR construit par les gestionnaires de réseau de gaz (notamment GRDF, GRTGaz, et les ELD) grâce à des documents de planification à l’échelle régionale. À noter également que l’étude s’est focalisée sur l’élement « méthane » et sur une consommation annuelle de gaz en 2050 respectivement égale à 165, 245 et 320 TWh.

Quelle est la situation actuelle du gaz en France ?

La France n’est pas un pays producteur de gaz fossile et ses infrastructures renouvelables ne suffisent pas à répondre aux besoins de la population.

En 2022, presque la totalité de la consommation annuelle (450TWh) était importée. De plus, le gaz fossile représentait presque 98% de ce chiffre.

Ces dernières années, les efforts ont été mis sur le développement des infrastructures renouvelables. Un projet de loi prévoit l’accélération des processus, la libération du foncier nécessaire ainsi que l’amélioration des financements et de l’attractivité des projets renouvelables.

La France est d’ailleurs le pays européen avec le plus d’unités de production de biométhane. Toutefois, l’Allemagne reste en tête d’un point de vue production.

Que prévoient les trois scénarios de la CRE ?

Dans le cadre de son rapport, la CRE précise que chacun de ces scénarios est ambitieux puisqu’ils « projettent tous des modifications importantes des usages de l’énergie ».

Voici le graphique représentant la différence entre production et consommation (pour chaque scénario) pour arriver à une production de gaz vert égale à 100% de la consommation nationale.

Chacun des trois scénarios prend en compte l’objectif de neutralité carbone fixé par le gouvernement et l’Europe pour 2050.

Les 9 enseignements de cette étude

Après avoir réalisé ces scénarios, la CRE a demandé aux gestionnaires de réseau de modéliser les effets de chacun d’entre eux sur leurs infrastructures.

Cette étude a permis à la CRE de retirer 9 enseignements principaux. Découvrez-les juste ici :

Le réseau de transport reste indispensable

Même en cas de baisse de la consommation, il permet de réduire les écarts géographiques et temporels.

Des interconnexions importantes sont nécessaires

Si le réseau d’interconnexions avec les pays frontaliers est très développé en comparaison avec les besoins français, il répond néanmoins aux flux de ces pays. Il reste donc nécessaire.

Le stockage de gaz deviendra plus flexible

Puisque la production de gaz renouvelable est moins flexible que les importations actuelles, les sites de stockages devront s’adapter. Ils seront plus appropriés pour le besoin de pointe. En revanche, ce besoin de pointe diminue plus ou moins en fonction des scénarios (entre 18% et 67% d’ici 2050). Cela signifie donc que les capacités de stockage nécessaires seront réduites tout en veillant à en garder suffisamment pour faire face à d’éventuels aléas.

Le stockage de l’hydrogène est à prévoir

Cette diminution des besoins de stockage sera accompagnée de l’apparition d’un « nouveau profil d’utilisation des stockages ». Les stockages salins sont les plus adaptés à un usage de pointe. Cependant, ils sont aussi les seuls qui peuvent être convertis à l’hydrogène. Ainsi, « pour répondre aux besoins potentiels de stockage de l’hydrogène en évitant des investissements non efficaces pour la collectivité, il pourrait être pertinent de convertir les salins en priorité à l’hydrogène. ».

Il faudra toutefois s’assurer que les stockages de méthane pourront se passer du salin et que les besoins de stockage en hydrogène sont suffisants. Dans l’attente, la CRE estime que cette transition ne devrait pas se faire avant 2030, auquel cas elle serait « imprudente ».

Le réseau de distribution pourra être revu

Renouvelé en 2015, le réseau de distribution du gaz pourra être revu localement. En fonction de certaines configurations, « certains actifs pourraient être abandonnés ».

Coordonner le réseau de gaz avec les réseaux de chaleur

Afin d’optimiser le réseau de distribution, la CRE imagine une coordination locale avec certains réseaux de chaleur.

Lien entre les pointes gazières et électriques

La CRE estime qu’il faut prendre en compte un système où les deux réseaux énergétiques sont imbriqués. « Un éventuel transfert massif de la pointe gazière vers de la pointe électrique doit être analysé finement dans ses conséquences, en tenant compte notamment de la capacité du système électrique à absorber le surplus de pointe et du bilan carbone global ».

Quel avenir pour les terminaux gaziers ?

Au vu des objectifs actuels liés à la sécurisation de l’approvisionnement gazier, la CRE estime que les grands terminaux gaziers devraient rester nécessaires.

Des investissements nécessaires

En fonction des scénarios, les investissements nécessaires pour y répondre vont de 6 à 9,7 milliards d’euros d’ici 2050. Le coût d’injection par TWh décroit en fonction du volume de production, et dans tous les scénarios des économies d’échelles sont visibles dès 2040. De plus, les investissements réalisés seront bénéfiques aux futurs projets.

Les investissements majoritaires dans le cadre de l’intégration des unités de gaz vert concernent principalement leur raccordement au réseau et le renforcement des réseaux de distribution et de transport.

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